10 octobre 2006
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17:50
Le cul posé sur une chaise, il médite à sa mesure. Il est en train de prendre conscience d’une statistique effrayante : il se dit qu’il a dû passer les trois quarts de sa vie éveillée en position assise. Assis toute la journée à l’école, au collège, au lycée, à l’université ; assis en cours, à la cantine, à la bibliothèque, à la cafétéria, dans la cour. Assis chez lui, devant son bureau, devant son ordinateur, devant sa télé. Assis à table, assis aux toilettes. Assis au restaurant, au café, au cinéma, au théâtre, chez ses amis, chez les gens. Assis dans l’avion, dans le train, dans le bus, dans le métro, dans la voiture. Assis à son travail.
Assis pour étudier, pour se cultiver, pour se détendre, pour jouer, pour discuter, pour se déplacer, pour travailler, pour se reposer, pour attendre, pour fumer, pour manger, pour boire, pour chier. A croire qu’il ne se lève que pour pisser.
Il fait partie de ces personnes qui, depuis l’enfance jusqu’à la mort, voient leur activité vitale réduite à une utilisation exclusive et productiviste de leurs capacités intellectuelles. Jamais il n’a eu à bâtir autre chose que des raisonnements, jamais il n’a eu à chasser, jamais il n’a eu à cueillir. Et il n’aura jamais à accomplir ces gestes, car d’autres toujours les accompliront pour lui. Avant, il se levait parfois pour aller pousser un chariot et rapporter quelques courses ; maintenant il commande par Internet.
Pour survivre, il n’a besoin que d’un siège et d’un écran. Comme bon nombre de ses pairs, il a coupé les ponts avec son lointain ancêtre l’homo erectus pour devenir un véritable homo sedentarius. Il n’est plus un bipède, mais un tripède ; son cul lui sert de socle.
Il a perdu le peu d’enthousiasme qui l’animait depuis ce matin. Il attrape un vieux soda tiède et boit. Il réalise à quel point se tenir debout plusieurs minutes relève du supplice et en vient à ne pas regretter tout ce temps passé sur des sièges.
Assis pour étudier, pour se cultiver, pour se détendre, pour jouer, pour discuter, pour se déplacer, pour travailler, pour se reposer, pour attendre, pour fumer, pour manger, pour boire, pour chier. A croire qu’il ne se lève que pour pisser.
Il fait partie de ces personnes qui, depuis l’enfance jusqu’à la mort, voient leur activité vitale réduite à une utilisation exclusive et productiviste de leurs capacités intellectuelles. Jamais il n’a eu à bâtir autre chose que des raisonnements, jamais il n’a eu à chasser, jamais il n’a eu à cueillir. Et il n’aura jamais à accomplir ces gestes, car d’autres toujours les accompliront pour lui. Avant, il se levait parfois pour aller pousser un chariot et rapporter quelques courses ; maintenant il commande par Internet.
Pour survivre, il n’a besoin que d’un siège et d’un écran. Comme bon nombre de ses pairs, il a coupé les ponts avec son lointain ancêtre l’homo erectus pour devenir un véritable homo sedentarius. Il n’est plus un bipède, mais un tripède ; son cul lui sert de socle.
Il a perdu le peu d’enthousiasme qui l’animait depuis ce matin. Il attrape un vieux soda tiède et boit. Il réalise à quel point se tenir debout plusieurs minutes relève du supplice et en vient à ne pas regretter tout ce temps passé sur des sièges.